Gildas Morvan termine 2e en Route du Rhum Class 40

Saturday, 18 November 2006

Tout est calme sur l'Atlantique. Gilles Lamiré (Madinina), 11e et seul concurrent encore en course dans la classe des multicoques Orma progresse à faible allure. Idem pour Philippe Fiston (Adriana Karembeu Paris), 10e et dernier des monocoques Imoca, qui n'a parcouru qu'une cinquantaine de milles lors des dernières 24 heures. La course n'en finit plus ! Chez les multis classe 2, Roger Langevin (Négocéane), 5e et Dominique Demachy (Gifi), 6e, sont à moins de 300 et 500 milles de l'arrivée. Pierre Antoine (Imagine-Institut des Maladies Génétiques), leader et seul concurrent encore en course chez les multis classe 3, tourne en rond après avoir lu tous les livres du bord.
 
Deux concurrents se bagarrent encore pour remporter cette 8e Route du Rhum. En mono classe 1, Philippe Chevallier (Antilles-Sails.com) et Pierre-Yves Guennec (Jeunes Dirigeants) alternent en tête de la course depuis plusieurs jours. Leur avance sur Arnaud Dhallenne (TAT Express) et Bruno Reibel (Ville de Dinard) diminue de jours en jours. Un final à quatre autour de la Guadeloupe n'est pas à exclure.
 
En mono classe 2, la Guadeloupe se rapproche tout doucement. Luc Coquelin
(Cap Guadeloupe 971) n'affiche à son compteur que 37 milles parcouru en 24 heures ! Denis Douillez (AOI Solidarité Dentaire Internationale) lui a repris 200 milles en 48 heures et accuse encore 400 milles de retard.
 
En mono classe 3, le Belge Michel Kleinjans (Roaring Forty) continue son cavalier seul, à 145 milles devant la Britannique Aurelia Ditton (DangerousWhenWet) et 742 milles devant Alain Grinda (Fantasy Forest).
 
Du côté des Class'40 :

" C'était une belle course ! Je me suis fait énormément plaisir sur cette Route du Rhum. C'était ma première et j'ai beaucoup de bons souvenirs : des conditions très dures avec jusqu'à 52 noeuds au portant, des vagues de 7 mètres de haut, des gros surfs à 24 noeuds sous trinquette et trois ris, des longs bords sous spi où ça cavalait sévère jusqu'aux Açores, le tour de l'île... Il y a plein de belles choses qui me passent par la tête. Je me suis vraiment régalé ! " a lâché Gildas Morvan, quelques minutes après son arrivée à Pointe-à-Pitre (Hier vendredi, à 21h54 heure de Paris). Le skipper d'Oyster Funds s'est emparé de la seconde place - derrière le Britannique Phil Sharp - dans la catégorie des Class'40 après 19 jours 8 heures et 52 minutes de mer. Une jolie performance pour le Finistérien, grand spécialiste du Figaro Bénéteau. En tête à la sortie de la Manche et aux Açores, premier à empanner pour aller dans l'ouest. Gildas a réalisé une très belle course. " Malheureusement, Phil Sharp a été plus agressif, plus excessif dans ses choix. J'ai hésité, j'étais vraiment à deux doigts de partir à bloc dans l'ouest pour aller chercher le front comme lui l'a fait. Par rapport à la flotte, c'était délicat en tant que leader ", a t-il expliqué. S'il est déçu ? Pas du tout. " Je n'ai aucun regret. Mon objectif au départ, c'était un podium. La série est nouvelle, les bateaux aussi. De mon côté, je sortais d'une grosse saison en Figaro. J'avais déjà pas mal de courses dans les pattes donc l'idée c'était d'être présent aux avant-postes. Je n'avais pas non plus beaucoup essayé le bateau, il me manquait quelques jours d'entraînement, au portant dans la brise notamment, pour être vraiment au top. Il ne fallait pas que les ambitions soient trop hautes. Dans ce sens, un podium c'était bien. Là, on est deuxième, l'objectif est donc atteint. " Le prochain concurrent attendu à Pointe-à-Pitre est Ian Munslow sur Bolands Mill (voir échos du large ci-après). Sauf avarie, l'Irlandais devrait logiquement compléter le podium des monocoques 40 pieds de cette 8e édition de la Route du Rhum - La Banque Postale. Il est attendu demain dimanche dans l'après-midi.
 

Echos du large
 
Pierre Antoine (Imagine-Institut des Maladies Génétiques), seul concurrent encore en course des multis classe 3 : " Encore une journée de pétole et demain, normalement, l'alizé devrait revenir. Une semaine sans vent, c'est très pesant. Cela fait cinq heures que j'avance entre 1 et 3 noeuds. Cette situation météo est complètement dingue. Je n'avais jamais vu ça. Et il n'y a aucun moyen d'en sortir. Je commence à tourner en rond car il n'y a rien à faire. J'ai terminé toute la lecture du bord. "
 
Philippe Chevallier (Antilles-Sails.com), leader des monos classe 1 : " Ça met du piquant. C'est plus sympa que d'avoir des grandes distances entre les bateaux. J'espère que cela va durer comme ça jusqu'au bout. J'ai eu nuit assez particulière avec un passage de flux d'est. Il y avait énormément de nuages, des éclairs et 25 noeuds de vent ce qui m'a permis de faire route directe pendant quelques heures vers la Guadeloupe. On est coincé entre un anticyclone et une dépression qui se déplacent vers l'est. C'est une sorte de no man's land sans vent. Heureusement, j'avais embarqué des tas de choses à manger avant le départ. Il me reste encore du jambon de Bayonne et des rillettes de canard, par exemple. '
 
Pierre-Yves Guennec (Jeunes Dirigeants), 2e des monos classe 1 : ' J'ai passé 80% du temps en tête. Ça m'embêterait de finir dans cette position (2e).  Il n'y a pas le vent que je voudrais. Quand il y a de la brise c'est nickel. Mais là, je suis sous grand-voile et gennaker et j'avance entre 4 et 5 noeuds, 6 au maximum. "
 
Dominique Demachy (Gifi), 6e des multis classe 2 : " C'est long évidemment. Mais la distance finit par diminuer. J"espère arriver mardi en Guadeloupe. Il n'y a pas grand-chose à faire à bord. Alors je me repose, je communique beaucoup par mail, je regarde des films sur l'ordinateur, je réfléchis sur la vie. J'ai aussi des relations avec le bureau, mais là je suis tranquille, c'est le week-end. "
 
Damien Grimont (Chocolats Monbana) 5e en Class'40 : " Depuis 72 heures, je suis scotché dans une mer d'huile. Heureusement, j'ai l'expérience de la pétole, grâce au Figaro notamment. Il y a moyen de jouer avec la houle et le matossage. Ainsi, je limite un peu la casse par rapport à ceux qui sont dans la même situation que moi. Je ne regarde plus les modèles, de toutes façons quand il y a moins de 5 noeuds de vent, on sait que ça ne sert à rien. Ca commence vraiment à être long. L'eau commence à manquer. Comme il fait très chaud et qu'en plus on a effectué beaucoup de manoeuvres, on a énormément bu. Je commence à économiser mes mouvements, je reste à l'ombre autant que je peux. Il me reste 10 litres de flotte pour finir. S'il pouvait pleuvoir, j'ai prévu un système avec ma bâche de survie pour récupérer de l'eau. Globalement, on vit ça comme une expérience de plus. Au départ, c'était une régate puis on a eu des émotions fortes dans le vent fort après les Açores et maintenant on fait de la survie. Je savais que la Route du Rhum n'était pas une course comme les autres et ça se confirme ! Mais elle n'est pas finie et je me suis juré de ne rien lâcher, de faire marcher le bateau au plus vite de ce que je peux jusqu'au bout. "
 
Dominic Vittet (Audio Atao System) 6e en Class'40 : " Mon option au sud semble enfin payer parce que j'ai gagné quelques milles par rapport à mes camarades plus au nord cette nuit. J'avais espéré que le vent qu'on a maintenant rentre plus tôt parce qu'on est vraiment resté plantés pendant ces dernières 48 heures mais ça va, ça vient doucement. Il faut être patient. Mon prochain repas, j'espère que ce sera du chocolat ! (Damien Grimont sur Chocolats Monbana, ndlr). Un qui s'en sort bien, c'est l'Irlandais, Ian Munslow. Il y a beaucoup de suspens, c'est bien. "
 
Ian Munslow (Bolands Mill) 3e en Class'40 : " Je suis content parce que j'ai réussi à attraper un peu de vent pour finir. J'ai actuellement 8-10 noeuds de vent et c'est agréable de progresser vers la ligne d'arrivée dans ces conditions car j'appréhendais un peu d'avoir de la pétole comme c'est le cas pour mes poursuivants. Du coup, j'en profite pour creuser d'avantage. J'ai 130 milles d'avance et je sais qu'à moins d'un soucis technique, la troisième place ne peut plus m'échapper. Je suis très content, c'est génial. Je suis content de ma fin de course. Mon décalage dans l'ouest a été payant, c'est une grande satisfaction. J'espère arriver à Pointe-à-Pitre demain après-midi. C'est difficile de faire des pronostics précis compte tenu de la météo aléatoire autour de l'île. Je ne sais pas à quelle sauce je vais être mangé pour les derniers milles mais peut m'importe, je savoure. Je prends le temps de réaliser ma performance. Je suis content, vraiment content ! "
 
David Lefèbvre (KNAUF Industries) 22e en Class'40 : " Ces derniers jours, on n'a vraiment pas été gâté par la météo. Entre la pétole et les orages, ça n'a pas été facile et j'ai eu une grosse baisse de moral. On n'est jamais content de ce qu'on a c'est vrai mais là, je ma traîne à trois noeuds... C'est usant mais on n'a pas le choix. Il me reste près de 700 milles à parcourir, pas question de baisser les bras. J'étais venu sur cette Route du Rhum apprendre. C'est le cas, je m'éclate en météo et je découvre plein de choses, pour moi c'est l'essentiel. "
 
Hervé Papin (Lexibook) 17e en Class'40 : " Un peu de vent est rentré depuis ce matin, ça permet d'avancer un peu mieux que ces derniers jours. Au classement, c'est le yo-yo permanent. J'étais 11e en début de semaine, me voilà 17e aujourd'hui. C'est sûr, j'aurai préféré un autre scénario mais la route est encore longue. Il peut se passer beaucoup de choses d'ici à l'arrivée. Il reste vraisemblablement une journée de pétole. Lundi, les alizés devraient enfin se rétablir. Si on pouvait terminer avec ça, ce serait bien. "

Last Updated ( Saturday, 18 November 2006 )