Route du Rhum: Sharp premier, Morvan deuxième....

Thursday, 16 November 2006

 

L'Américain Kip Stone (Artforms) a remporté la Route du Rhum – La Banque Postale dans la catégorie des monos classe 2, devant trois autres concurrents toujours en mer. Il est arrivé jeudi matin à 11h38 à Pointe-à-Pitre, après 17 jours 22h36 de course. Les arrivées commencent à s'enchaîner en Guadeloupe. On attend notamment jeudi soir le grand vainqueur des Class'40. Le Britannique Phil Sharp (philsharpracing.com) devrait franchir la ligne en même temps que Loïc Escoffier (Deléage & Diazo), quatrième des multis classe 2. Derrière eux, il reste encore 38 concurrents en mer.

Mono classe 2 : victoire américaine

Vainqueur de la Transat anglaise 2004, 2e de la Transat Jacques Vabre 2005, l'Américain Kip Stone (Artforms) étoffe son palmarès en signant sa plus belle victoire en solitaire. Il remporte la Route du Rhum – La Banque Postale en mono classe 2 avec près de 200 milles d'avance sur sa première poursuivante, Servane Escoffier (Vedettes de Bréhat Cap Marine).

Monocoques Imoca : Dejeanty attendu la nuit prochaine

Jean-Baptiste Dejeanty (Maisonneuve Basse-Normandie) devrait prendre la 9e place des monocoques Imoca dans la nuit de jeudi à vendredi. Il ne restera plus que Philippe Fiston (Adriana Karembeu Paris) en mer. Le Guadeloupéen n'est pas attendu chez lui avant samedi ou dimanche.

Class 40 : Phil Sharp, vainqueur annoncé…

Aux commandes de la course depuis les Açores grâce à une audacieuse option nord-ouest, le Britannique Phil Sharp (philsharpracing.com) s'apprête à franchir en vainqueur la ligne d'arrivée de cette 8e édition de la Route du Rhum - La Banque Postale après un peu plus de 18 jours de mer, ce jeudi vers 18h, heure locale. Une sacrée performance pour le jeune Anglais, qui, du haut de ses 25 ans, a tenu la dragée haute aux spécialistes du Figaro, tels Gildas Morvan ou Dominic Vittet. " Il faut reconnaître qu'il a réalisé une belle transat. On a fait l'erreur de le laisser partir tout seul au nord après les Açores. Depuis on cravache dur derrière pour essayer de le recoller mais en vain " constatait le skipper d'Oyster Funds ce midi lors de la vacation. Pourtant, il s'est accroché le Finistérien. Durant quatre jours, Sharp et Morvan ont joué au chat et à la souris mais mercredi, philsharpracing.com a définitivement pris l'avantage. Près de 150 milles d'avance. Dès lors, on voyait mal comment la victoire pouvait lui échapper et Gildas Morvan n'a plus qu'à espérer " réduire l'écart de temps entre lui et moi ".
 
Sharp premier, Morvan deuxième....
 
mais le suspens reste entier pour la troisième place. Six bateaux au moins peuvent encore prétendrent au podium. Entre eux, les écarts latéraux sont énormes et vu les conditions sur la zone de course des monocoques 40' actuellement, bien malin celui qui pourrait faire des pronostiques. De fait, la situation météorologique ne change pas. Elle est toujours aussi délicate à prévoir dans le détail. Dans les grandes lignes il n'y a toujours pas d'alizé et au contraire les vents restent très faibles et instables pour l'ensemble des solitaires. " C'est dément : le vent varie de 100° et souffle entre 1 et 5 noeuds. Les manoeuvres sont incessantes et on s'arrache les cheveux pour gagner quelques centaines de mètres ! " déplorait Damien Grimont (Chocolats Monbana) ce midi. Reste que les concurrents situés les plus à l'ouest ont globalement un peu plus de vent et progressent en moyenne plus vite que ceux placés sur la route directe. C'est notamment le cas de Guillaume Voizard (Le Comptoir Immobilier), qui est ainsi remonté de la 7e à la 4e ces dernières 24 heures. " Je suis le premier étonné. Je n'ai pourtant pas eu de vent cette nuit mais quelques grains et des orages. Je pensais même avoir perdu un peu de terrain ! " s'amusait Voizard lors de la vacation. " Il faut rester zen. La seule chose à faire, c'est de se concentrer sur la marche du bateau, essayer de le faire avance au mieux avec les conditions qu'on a. Le tout en gardant le sourire. C'est de toutes façons complexe pour tout le monde " commentait dans la foulée Thibaut Derville (Cap VAD). C'est d'autant plus compliqué pour certains que l'eau, la nourriture et le gazole commence à manquer à bord... (voir échos du large ci-après).

Les échos du large

Gildas Morvan (Oyster Funds), 2e en Class'40 : " Là, c'est du bonheur : j'ai 17 noeuds, c'est super ! Même si je sais que maintenant, je ne reviendrai plus sur Phil Sharp, c'est bon pour le moral de retrouver un peu de vent. Je me suis fixé pour objectif de réduire l'écart entre lui et moi. Il est certain que le requin va rester en tête et que moi je suis assuré de ma place de dauphin mais j'aimerais qu'il y ait le moins d'heures possible entre lui et moi alors je continue de mettre du charbon. Il faut reconnaître que Phil a réalisé une belle transat. Nous, on a fait l'erreur de le laisser partir tout seul au nord après les Açores. Depuis on cravache derrière pour essayer de le recoller mais en vain. De mon côté, je ne pense pas arriver avant demain mais c'est difficile de faire une estimation compte-tenu des conditions très particulières sur zone actuellement. "
 
Olivier Rabine (IXSEA), 6e en Class'40 : " Hier, je me suis fais une bonne petite soirée, histoire de me remonter le moral. J'ai fait un bon repas, écouté une bonne petite musique et lu plusieurs mail de ma famille, de mon sponsor... Ca m'a fait du bien. Outre mon soucis de pilote, je suis maintenant confronté à un autre problème : je sois rationner mon eau. Je suis parti avec 70 litres. Durant les onze premiers jours de course, j'ai bu 50 litres. Normallement, sur un début de transat, on ne boit pas autant mais on s'est beaucoup dépensé physiquement. Total, il me reste 7-8 litres pour finir. Si on a pétole jusqu'au bout et qu'on n'arrive pas avant lundi ou mardi, ça va vraiment être dur. Hier, on a eu un peu de vent, ce qui nous a permis d'avancer un peu mais ce matin, il n'y a pas d'air et on se traîne. Guillaume Voizard a fait ce que j'aurais dû faire en choisissant d'aller dans l'ouest. J'ai voulu essayer d'aller au plus court en raison de mes problèmes de rationnement et de pilote mais finalement, même s'il a parcouru plus de chemin, il est allé plus vite. Au classement de ce midi, il est devant, c'est rageant. "
 
Damien Grimont (Chocolats Monbana), 4e en Classe 40 : " Les conditions sont totalement démentes ! Le vent varie de 100° et souffle entre 1 et 5 noeuds. Les manoeuvres sont donc incessantes, on s'arrache les cheveux pour gagner quelques centaines de mètres ! Quand je vois le joli coup qu'a fait Guillaume (Voizard, ndlr), c'est frustrant, franchement énervant. Cela dit, je me trouve quand même plus chanceux que ceux qui sont au sud. Je suis toujours dans le match pour le podium.  Nul doute qu'il y aura des coups à jouer derrière l'île. La pétole, c'est vraiment le cauchemar du marin. Heureusement, le vent est en train de revenir un peu tout de suite. Cela va nous permettre de rattaquer. Il faut y aller ! "
 
Jean-Edouard Criquioche (Cinémas Cinéfil.com), 12e en Classe 40 : " Je commence à en avoir marre. Je suis parti à l'ouest pour tenter un coup mais force est constater que ça ne marche pas. Là, le bateau est collé à moins de 3 noeuds et en plus il y a de la houle. Il faut brasser le spi pour le tenir gonflé et c'est fatiguant. A priori, tout le monde traverse la même chose mais c'est vraiment usant. Le pire, c'est que ça va de mal en pis ! Ca fait 3-4 jours que les fichiers météo sont à côté de la plaque. Je n'arrive pas à me positionner. Je pars néanmoins du principe que quand on fait une connerie, il faut la faire à fond donc je continue dans l'ouest. De toutes façons, il n'y a rien à faire. On n'a pas assez d'énergie dans les voiles pour essayer quelque chose. Il n'y a aucune stratégie, on subit, c'est tout. Ce qui m'embête, c'est que ça va vraisemblablement être comme ça jusqu'à l'arrivée. On nous annonce que l'alizé va se rétablir dès lundi mais ça fait une semaine qu'on nous dit que ça vient et on a toujours rien donc je préfère ne pas compter dessus... "
 
Thibaut Derville (Cap VAD, 15e en Classe 40 : " Il faut rester zen. Je grignote au classement, parfois je perds mais je garde le moral. Il n'y pas de vent, la seule chose à faire, c'est de se concentrer sur la marche du bateau, essayer de la faire avance au mieux avec les conditions qu'on a. Le tout en gardant le sourire. De toutes façons, c'est compliqué pour tout le monde. La chose qui me préoccupe le plus en ce moment, c'est que je dois rationner la gazole. Côté nourriture et eau, pas de problème mais je n'ai plus suffisamment de gazole et je risque d'avoir des problèmes d'énergie dans les jours à venir. Le hic, c'est que la route est encore longue parce que devant, c'est bouché, bouché, bouché mais on va se battre jusqu'au bout ! "

Loïc Escoffier (Deleage & DIAZO), 4e multi classe 2 : « J'ai bien avancé cette nuit malgré le petit temps. Maintenant, j'en vois le bout et je suis content mais je reste concentré. Je surveille les zones sans vent et les risées pour progresser au plus vite vers Pointe-à-Pitre. Je suis un peu déçu par rapport à ce qui m'est arrivé en début de course. J'aurais pu accrocher la 3e place. Mais bon, je suis quand même super content d'avoir fait cette transat. J'ai appris beaucoup. »

Pierre Antoine (Imagine - Institut des maladies génétiques), leader multi classe 3 : « Ca fait maintenant quatre jours qu'on est planté. C'est terrible et ça l'est d'autant plus que ça ne va pas s'arranger tout de suite. C'est un peu dur à supporter. On avait tous espéré une arrivée un peu plus rapide. Quand je pense qu'on n'arrivera probablement pas avant dimanche ! Le dicton "prendre son mal en patience" prend tout son sens en ce moment. C'est vrai que parfois, on a une petite risée qui rentre. On a toujours l'espoir que ça dure un peu mais à chaque fois, c'est l'affaire d'une heure et ça s'essouffle. C'est usant pour les nerfs ! »

Philippe Chevallier (Antilles-Sails.com), leader mono classe 1 : « Pour certains, ce serait de belles vacances : l'eau est turquoise, le vent souffle entre 8 et 10 nœuds mais pour moi qui suis en course et qui espère arriver à Pointe-à-Pitre le plus rapidement possible, ce n'est pas idéal, loin de là. C'est fou parce que les multis 60' ont réalisé des temps records. Nous on est en train d'établir des records de lenteur. On se traîne, c'est incroyable. A tel point que je commence à rationner. Je suis parti avec 24-25 jours de nourriture. Finalement, celui qui va gagner cette transat sera peut-être celui qui aura le plus de bouffe et d'eau à bord (rires) ! Côté classement, je suis content d'être en tête même si je sais que c'est provisoire. Pierre-Yves Guennec est plus dans le sud que moi et va toucher les alizés avant mais c'est toujours sympa d'être le leader même deux ou trois jours. »
 

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